Découvrez le parcours de Lalo Schifrin, compositeur de génie entre jazz et musique de film, créateur du thème culte de Mission: Impossible et bien plus encore.
Lalo Schifrin, de son vrai nom Boris Claudio Schifrin, était un compositeur, pianiste et chef d’orchestre argentino-américain, né le 21 juin 1932 à Buenos Aires et décédé le 26 juin 2025 à l’âge de 93 ans.

Vous avez forcément entendu au moins une fois sa musique, même sans le savoir. Peut-être dans une série, un vieux polar avec Clint Eastwood, ou au détour d’un sample de hip-hop… Lalo Schifrin, c’est ce compositeur que vous ne connaissez pas toujours par son visage, mais dont les notes ont traversé les décennies.
Né en Argentine, formé à Paris, devenu incontournable à Hollywood, Schifrin est un pont vivant entre le jazz, la musique classique, et le cinéma américain des années 60 à 90. Son style ? Un groove élégant, nerveux, cinématographique… souvent reconnaissable dès la première mesure.

Découvrez le créateur hors normes, entre compositions légendaires, influences profondes, et héritage durable.
Boris Claudio Schifrin, dit « Lalo », naît en 1932 à Buenos Aires dans une famille de musiciens. Son père est violoniste à l’orchestre du Teatro Colón, un des plus prestigieux opéras d’Amérique du Sud. Très jeune, Lalo étudie le piano, mais son oreille est vite attirée par le jazz qui traverse les ondes des radios américaines.
Dans les années 1950, il part à Paris étudier à la Schola Cantorum, puis au Conservatoire, où il apprend l’harmonie, la direction d’orchestre et la composition. C’est là qu’il développe cette double culture unique : la rigueur classique européenne et l’énergie du jazz américain.

De retour en Argentine, il monte un groupe de jazz et devient l’accompagnateur du trompettiste Dizzy Gillespie, un géant du bebop. C’est Gillespie qui l’introduit à la scène américaine : une porte d’entrée vers Hollywood, où Schifrin va se faire un nom et une empreinte sonore.
Ce qui frappe chez Schifrin, c’est la fluidité entre les genres. Il mêle avec aisance le Jazz moderne (bebop, latin jazz), la musique classique (contrepoints, orchestre à cordes), les musiques latines, les éléments funk, soul et électro-acoustique avant l’heure.

Ses compositions sont rythmées, tendues, cinématographiques, mais toujours lisibles. Il joue avec les silences, les syncopes, les instruments inattendus (claves, bongos, basse électrique…), tout en conservant une architecture musicale très précise.
Quand tu écoutes du Schifrin, vous entendez à la fois le film noir, la rue new-yorkaise, un club de jazz enfumé, et un orchestre classique. Un patchwork cohérent, moderne, très en avance sur son temps.
C’est en 1966 que son nom devient mythique. La série « Mission: Impossible », créée par Bruce Geller, lui confie son générique. Et là… c’est la magie.

Ce thème, en mesure 5/4, totalement atypique, devient instantanément culte. Il capte l’urgence, la stratégie, l’action .Tout ce qui fait le charme de la série sont en place et perdurera avec les films avec Tom Cruise .
le thème original 1966 est toujours utilisé dans les films modernes et sera indétronable comme les musiques de James Bond. Il a inscrit une musique puissante et facile à retenir.
Schifrin devient alors le compositeur fétiche des séries d’action et d’espionnage en collaborant sur Mannix, Starsky & Hutch (quelques épisodes), Mission Impossible (qu’il réarrangera lui-même pour le cinéma en 1996), The Fox et Medical Center.

À partir des années 60, Lalo Schifrin s’impose à Hollywood, notamment dans le film policier, le thriller et les drames psychologiques. Il impose sa griffe sur Dirty Harry (1971) avec une ambiance funky, urbaine er nerveuse. Sur Sudden Impact (1983) donne une tension et un groove sombre. Magnum Force (1973) a marqué également son empreinte et ces BO sont devenues des classiques, souvent samplées, étudiées, utilisées dans d’autres films ou des pubs.
Il a participé au film Bullitt (1968) même si la musique a été partiellement rejetée par le studio. Les studios prouvent encore une certaine incompétence lorsqu’ils ont des talents bruts. Il faut savoir écouter pour permettre aux artistes d’exploser en explorant des domaines inattendus. Enter the Dragon (1973) avec Bruce Lee représente une fusion inédite entre jazz-funk, une musique asiatique et de l’action martiale. Amityville Horror (1979) montre qu’il peut aussi faire de l’horreur avec finesse.

Lalo Schifrin n’est pas qu’un compositeur pour l’image. Il est aussi un jazzman accompli, ayant sorti de nombreux albums en son nom (« Jazz Meets the Symphony », « Invocation », « Latin Jazz Suite »).
Il dirige souvent de grands orchestres à travers le monde (Los Angeles Philharmonic, Orchestre de Paris…), et écrit aussi des œuvres classiques contemporaines, des concertos, des pièces de chambre.
Schifrin a influencé plusieurs générations de compositeurs comme Michael Giacchino (Mission Impossible III), Quincy Jones, Hans Zimmer (qui s’inspire parfois de ses orchestrations tendues), RJD2, Danger Mouse, Dr. Dre (qui l’ont samplé).

Il est aussi présent dans la pop culture via des extraits de ses musiques dans Kill Bill, Ocean’s Twelve, The Simpsons, Breaking Bad… Il est samplé dans des dizaines de morceaux hip-hop et électro.
Il a notamment des nominations aux Oscars pour « Cool Hand Luke » et « The Fox ».Il a engrangé 4 Grammy Awards, un Hollywood Walk of Fame, il est Chevalier des Arts et Lettres en France et Commandeur de l’Ordre du Mérite en Argentine.
En 2018, Lalo Schifrin reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière : une consécration tardive mais méritée.
Parce que c’est l’un des rares musiciens à avoir mélangé avec élégance le jazz, le classique et le cinéma. Parce qu’il représente une époque où la musique de film avait une véritable identité. Parce que son œuvre est vivante, intelligente, groove, et jamais datée.

Pour ceux vraiment qui se posent des questions sur les musiques à écouter par méconnaissance de sa discographie, vous pouvez découvrir Lalo Schifrin en écoutant les thèmes de Mission: Impossible, de Dirty Harry, de Enter the Dragon et ses albums « Jazz Meets the Symphony ».
Lalo Schifrin, c’est un artisan génial, un créateur de tension et de swing, un homme de l’ombre dont le son a marqué des dizaines de millions de spectateurs, souvent sans qu’ils sachent qui il était.
Aujourd’hui, son influence est partout : dans les musiques de film modernes, dans les samples hip-hop, dans les BO Netflix et les séries de prestige. Et surtout, dans le souvenir d’un style unique.
Il est le son d’une époque… mais aussi d’un futur qui groove encore !
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