21 décembre 2025

World Of Spelldragon

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House of Cards – Anatomie d’une série qui a redéfini la télévision politiqu

House of Cards est née d’une adaptation américaine de la série britannique du même nom (1990), elle-même inspirée du roman de Michael Dobbs.

La version américaine est développée par Beau Willimon et produite par Netflix en 2013. Elle marque un tournant majeur : c’est l’une des premières séries originales de la plateforme, qui inaugure son modèle de diffusion intégrale des saisons dès leur sortie.

Le pari est audacieux : proposer une fiction politique sombre, centrée sur les manœuvres de pouvoir à Washington, portée par un duo d’acteurs prestigieux, Kevin Spacey et Robin Wright.

Netflix a investi massivement dès la première saison, avec un budget estimé à plus de 100 millions de dollars, signe de sa volonté de rivaliser avec les grandes chaînes.

David Fincher, réalisateur de Seven et The Social Network, a dirigé les deux premiers épisodes, imposant une esthétique cinématographique et une rigueur visuelle rarement vues dans une série télévisée.

La série est aussi connue pour son usage du “regard caméra” : Frank Underwood (Kevin Spacey) s’adresse directement au spectateur, brisant le quatrième mur et créant une complicité troublante. A noter que ce choix narratif était déjà présent dans la série originelle britannique House of Cards (1990). La première version, le personnage principal Francis Urquhart (interprété par Ian Richardson) s’adressait déjà au spectateur en brisant le quatrième mur. Ce procédé, repris et amplifié dans la version américaine par Beau Willimon et David Fincher, est devenu une marque de fabrique de Frank Underwood (Kevin Spacey).

Cette technique est déjà utilisée dans le théâtre comme dans des oeuvres de Shakespeare et le film de Ferris Bueller’s Day Off (1986).

Chez Deadpool et ses films, le brisement du quatrième mur est lié à son identité même dans les comics. Il possède une forme de “comic awareness”, une conscience qui lui permet de réaliser qu’il est un personnage fictif. Cet élément ne semble pas un biais utilisé par la série de Netflix.

Le but étant d’instaurer une complicité sombre et manipulative.
Ainsi, Frank Underwood partage les secrets d’un politicien manipulateur avec un public fictif, mais nous devenons de facto son complice en continuant de le suivre dans ses jeux de pouvoir.

En 2017, Kevin Spacey est écarté de la série à la suite d’accusations publiques. Netflix décide de poursuivre sans lui, confiant le rôle central à Robin Wright (Claire Underwood), qui devient présidente des États-Unis dans la fiction.
Ce bouleversement a eu plusieurs impacts pour les artistes, Netflix, l’équipe technique et de réalisation.

Les artistes comme Robin Wright ont pu profiter de la lumière et voir sa carrière se renforcer, passant de co-star à figure centrale, et obtenant une reconnaissance accrue.

Netflix a dû gérer une crise d’image et prouver sa capacité à maintenir une série phare sans son acteur principal. La dernière saison (2018) est plus courte et divisée, mais elle illustre la résilience de l’équipe créative.

House of Cards a été saluée pour sa réalisation. David Fincher et les autres réalisateurs ont imposé une mise en scène sobre, des plans fixes et une photographie élégante, renforçant la tension dramatique.

La photographie est soignée et l’usage des couleurs froides et des contrastes appuyés traduisent la noirceur du pouvoir.

le travail des décorateurs et costumiers a été essentiel pour recréer l’atmosphère feutrée des coulisses politiques. Les scénaristes ont également été loués pour leur capacité à mêler intrigue politique et drame psychologique.

Cela a permi d’ouvrir la voie à des récompenses comme le Primetime Emmy Awards et les Golden Globes remportés plusieurs fois. Robin Wright a été récompensée pour son rôle, et Kevin Spacey avait également reçu un Golden Globe avant son départ. La série a été régulièrement citée comme l’une des meilleures productions télévisées des années 2010.

House of Cards a contribué à légitimer Netflix comme acteur majeur du streaming. Elle a ouvert la voie à d’autres séries originales ambitieuses comme Orange is the New Black ou encore Stranger Things. Elle reste une référence pour son audace narrative et son esthétique, malgré la controverse qui a marqué sa fin.

Je vous conseille de regarder cette série pour vous glisser dans les petits papiers des Underwood et leur soif insatiable du pouvoir.